Si, comme chaque année, la
production française était une des plus représentée à la Mostra de Venise,
juste après celle des Etats-Unis et bien sûr la production nationale italienne,
celle-ci était au final absente du palmarès puisque ni Potiche de François Ozon, ni Happy
Few d’Anthony Cordier pas plus que Vénus
noire d’Abdellatif Kechiche, par ailleurs tous trois plutôt bien accueillis
sur la lagune, n’ont convaincu le jury présidé par Quentin Tarantino. Ce
dernier a préféré attribuer le Lion d’or à Somewhere
de Sofia Coppola, alimentant d’ailleurs une polémique puisque la réalisatrice
est une ancienne compagne du réalisateur de Pulp
Fiction. Polémique renforcée par le Lion d’honneur pour l’ensemble de sa
carrière au légendaire Monte Hellman qui jadis contribua aux débuts fracassants
de Tarantino en produisant Reservoir Dogs
et faisait cette année à Venise son grand retour avec Road to Nowhere. Le reste du palmarès a également doublement distingué
Jerzy Skolimowski (Essential Killing,
prix spécial du jury et prix d’interprétation masculine pour Vincent Gallo
stupéfiant en taliban mutique) Seuls lots de consolation pour la France, le
prix de la mise en scène pour Balada
triste de trompeta d’Alex de la Iglesia, film majoritairement espagnol mais
coproduit par la France, et le surprenant prix d’interprétation féminine à Ariane
Labed, jeune comédienne franco-grecque étonnante dans Attenberg d’Athina Rachel Tsangari (dans lequel apparait à la fin
du film une grande figure de la cinéphilie grecque, Michel Demopoulos, ancien
directeur du festival de Thessalonique).
Au-delà du palmarès, il est clair que la compétition cette 67ème édition, la septième sous la houlette de Marco Muller dont le second et dernier mandat s’achève l’an prochain, restera comme un bon cru, salué comme tel par la plupart des observateurs. A l’image d’une autre production française, Le Fossé du chinois Wang Bing, film surprise de la compétition et première fiction du réalisateur d’A l’Ouest des rails qui, par sa description d’un camp de rééducation dans le désert de Gobi au tout début des années soixante a fait très forte impression. Outre la compétition, les efforts de Marco Muller ont principalement porté cette année sur la refonte de la section Orizonti, dont la vocation d’espace de libertés formelles a été réaffirmée. Mixant courts et longs métrage; fiction, documentaire et expérimental ce volet de la Mostra était ouvert cette année par La belle endormie de Catherine Breillat et comptait d’autres films français comme Dharma Guns de F.J. Ossang ou Fading d’Olivier Zabat, aux côté des dernières réalisations de Jose Luis Guerin (Guest), Martin Arnold (Shadow Cut) ou, plus surprenant après des années d’absence, de Paul Morrissey (News from Nowhere).
A noter que les autres sections parallèles laissaient également une large place aux films français puisqu’après avoir ouvert avec Le bruit des glaçons de Bertrand Blier, les Giornati degli autori (Venice Days), équivalent de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, présentaient Notre étrangère de Sarah Bouyain et trois coproductions françaises : Cirkus Columbia de Danis Tanovic, Incendies de Denis Villeneuve et Noir Océan de Marion Hansel. Quant à la 25ème Semaine de la critique elle comptait parmi les sept longs métrages retenus le remarqué Angèle et Tony d’Alix Delaporte.
L’indéniable bonne tenue artistique de la Mostra 2010 n’a néanmoins pas levé les nombreuses interrogations sur l’avenir de la manifestation qui a de nombreux défis à relever. Aux premiers rangs desquels le poids grandissant du festival de Toronto chez les professionnels, la succession de Marco Muller après l’édition 2011, les lourdes menaces sur les budgets culturels en Italie et surtout des problèmes d’infrastructure chaque année plus criants sur l’ile du Lido. Arlésienne depuis plusieurs années, le nouveau palais du cinéma n’a pas dépassé le stade des fondations et n’est désormais pas attendu avant 2012. Quant aux deux mythiques palaces du Lido, l’Hôtel des Bains est en cours de reconversion en appartements privés et l’Excelsior, qui abrite de nombreux événements connexes à la Mostra, devrait être en travaux pendant plusieurs années. La fin d’une époque ?
AL/09/10
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